La Collectivité européenne d'Alsace (CEA) a encore raté une occasion de bien faire les choses et de justifier la valeur ajoutée revendiquée en matière de bilinguisme.
Après avoir « oublié » les versions bilingues des 90 panneaux CEA dévoilés en mars et avril 2021, des nouveaux panneaux d'entrée de département heurtent par leurs clichés folklorisant et une traduction en alsacien à peine visible.
Toujours pas de respect du principe de taille de caractères identique, pourtant en vigueur dans toutes les autres régions de France concernées par une langue régionale. A croire qu'il y a au cabinet de Frederic Bierry, président de la Collectivité européenne d'Alsace, un(e) infiltré(e) du Grand Est qui tente de ruiner sa crédibilité et celle de la CEA. Il (elle) ne s'y prendrait pas mieux.
Le 17 décembre 2021, Fredric Bierry partageait sur sa page Facebook l'afichage des nouveaux panneaux le long de la nouvelle autoroute GCO. Là encore, le bilinguisme est passé à la trappe...
Le défi de la signalétique bilingue était pourtant facile à gagner. Un travail d'inventaire des meilleures pratiques en France aurait pu être attendu de la part des personnes ayant réalisé cette erreur. Il y a au moins un déficit de conscience professionnelle. Ils auraient pu se rendre compte de ce qui se fait en Bretagne, au Pays Basque ou en Haute-Garonne et dans tous les départements de la nouvelle Occitanie.
Un inventaire des meilleures pratiques permettrait au moins de prendre conscience qu'en matière de signalétique bilingue l'Alsace est encore.... à la rue.
Même la Région Grand Est fait mieux avec son panneau « Ihr sìnn ìm Elsàss ». Respect total des principes de bonne gouvernance linguistique "taille, police et style de caractères identiques"!
Jean Michel Apathie dans son récent livre « J'ai un accent et alors ? » (Editions Michel Lafon) explique les mécanismes qui conduisent à de tels petits renoncements. Parmi ses explications, il mentionne les conséquences de l'hégémonie en citant « Portrait du colonisé », un essai dans lequel Albert Memmi, écrivain juif franco-tunisien décrit la tendance du dominé ou colonisé de se conformer à l’image que l’on renvoie de lui, jusqu’à tenter de s’assimiler en s’aliénant culturellement. « Le dominé regarde sa propre langue et sa propre culture, à travers les yeux méprisants du dominant » : coiffe, cigogne, bretzel,...
Apathie note encore que les Français ont d’autant plus de mal à comprendre le problème et ne se rendent pas compte des souffrances qu’il peut provoquer. C’est très vrai aussi pour les Alsaciens qui conseillent Frédéric Bierry sur les questions de signalétique bilingue. "Tant qu’ils resteront persuadés que « Ce n’est pas grave ! », ils multiplieront les commentaires déplacés et considèreront les malheureux qui auront le culot de s’en offusquer... comme d’irrécupérables caractériels".
Découvrez les actions de Sprochpolitik. Soutenez-nous, faites un don !