Par Thierry Kranzer, 25 avril 2022
Une représentante de la Nouvelle-Zélande a, cet après-midi, au Siège des Nations Unies à New York, rappelé la détermination de son pays de revivifier la langue autochtone maorie, pour en faire une langue vivante d'ici 2040 avec un objectif de 20% de locuteurs.
Dans le cadre d'un débat sur la première Décennie internationale des Nations Unies sur les langues autochtones (2022-2032), lors que l'ouverture de la 21è session annuelle de l'Instance permanente sur les questions autochtones, Mme Carolyn Schwalger a rappelé que la langue maorie, bien que parlée par seulement 3,7% des 5 millions de Néo-zélandais, était une "langue sacrée" qui définissait l'identité de tous les Néo-zélandais. Les Maoris adoptent de plus en plus leur langue, rejetant la stigmatisation et la honte associées à son utilisation. Et les Néo-Zélandais blancs se tournent vers la langue et la culture maories pour donner un sens à leur identité culturelle.
Mme Carolyn Schwalger a rappelé l'importance d'une pétition lancée en 1970 par un groupe d’activistes maoris, Nga Tamatoa, et par la Te Reo Maori Society [Société pour la défense de la langue maorie], qui avait recueilli 30 000 signatures, qui demandait que le maori soit enseignée dans les écoles. Une pétition qui a été un catalyseur de la création d'écoles d'immersion en langue maorie, de la semaine de la langue maorie et une série d'initiatives de revitalisation dirigées par la radiodiffusion. Tous les diplomates néo-zélandais ont aujourd'hui l'obligation de commencer leurs déclarations dans les instances internationales par une phrase en maori, langue malayo-polynésienne.
Langue officielle depuis 1987, le maori est la langue de la communauté polynésienne arrivée par bateau vers 1250, soit six siècles avant les débuts de la domination britannique en 1840. Si la communauté maorie représente 15 % de la population du pays, en 2013, seuls 3,7 % des Néo-Zélandais parlaient couramment le maori. Le cas du maori menacé de disparition dans les années 80 est l'illustration de l'impact d'une volonté politique avec détermination et objectifs chiffrés dans le temps et l'espace pour sauver une langue.
« Ne pas avoir appris la langue maorie est l’un de mes plus grands regrets », déclarait Jacinda Ardern, la première ministre néo-zélandaise, lors de la visite d’une école de Wellington pour le lancement de la semaine de la langue maorie, lundi 10 septembre 2018 (in Le Monde du 17 septembre 2018).
Parmi ses stratégies, outre le développement de crèches et maternelles immersives, le gouvernement a développé un concept de villes et villages bilingues, avec notamment des objectifs de généralisation de signalétique bilingue, démarche essentielle en matière de représentation de la langue.
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